Pierre le Vénérable

Pierre-Maurice de Montboissier, était né en Auvergne vers l’an 1092. Il fut voué au cloître par ses parents, et fut élevé au prieuré de Sauxilanges, dépendant de Cluny. Il fit profession en 1109 et fut écolâtre puis prieur à Vézelay, avant d’être envoyé en 1120 comme prieur près de Grenoble.
En 1122, après la démission forcée de l’abbé Pons de Melgueil, il fut élu abbé de Cluny, alors qu’il n’était âgé que de 30 ans. Pierre nomma Grand Prieur de Cluny Mathieu, jusqu’alors prieur de Saint Martin des Champs et futur cardinal d’Albano.
Pierre eut besoin de tout son savoir-faire et de ses qualités de négociateur pour défendre l’esprit clunisien contre le dynamisme peu compréhensif de Cîteaux. Dans ce tournoi d’idées où il affronta le fougueux Bernard de Clairvaux avec les armes de la paix, Pierre, en général, conquiert la sympathie du spectateur impartial.
En 1132, Pierre réunit un chapitre général à Cluny : deux cents prieurs et plusieurs centaines de moines, pour restaurer la discipline dans l’ordre. En 1146, il promulgua des statuts concernant la liturgie, la profession, les observances.
Il chercha à rendre plus stable et plus efficace la tenue de chapitres généraux. Cela n’empêcha pas les prieurés d’Italie et d’Angleterre de faire sécession en 1154. Ses dernières années furent attristées par des démêlés avec la commune de Vézelay et furent tracassées par des dettes criardes. De passage à Cluny, le Pape Innocent II accorda en 1132 l’exemption de la dîme aux cisterciens, ce qui greva par contrecoup les revenus de Cluny. Sous l’abbatiat de Pierre le Vénérable, l’effectif des moines de Cluny passa de 300 à 400, tandis que le nombre de maisons de l’ordre atteignit le nombre de 2000.
Mais cette prospérité apparente ne doit pas faire illusion : l’abbatiat de Pierre fut pénible. Il fut combattu à l’extérieur et à l’intérieur.
Après le relâchement qu’avait connu Cluny sous son prédécesseur Pons, et à l’exemple de Cîteaux en plein développement, Pierre essaya d’adapter les coutumes et les règlements de Cluny à l’exemple des cisterciens. Mais la plupart des moines lors des premiers chapitres clunisiens y étaient farouchement hostiles.
Pierre mourut le 25 décembre 1156 et fut enseveli dans le chœur de l’église abbatiale. Son culte officiel n’est que peu attesté. Il fut le dernier des grands abbés de Cluny, et le prestige de l’illustre abbaye contribua indirectement à l’importance que Pierre eut dans les affaires de l’Eglise et du monde dans la première moitié du XIIème siècle.

Chronologie Cistercienne