Vie de Saint Benoît par Saint Grégoire, Pape.

INTRODUCTION

  1. Il y eut un homme de sainte vie, Benoît, béni par la grâce et par le nom. Dès le temps de sa jeunesse, il portait en lui un cœur digne de celui d'un vieillard : dépassant son âge par ses mœurs, il ne livra son âme à aucune jouissance, mais alors qu'il vivait encore sur cette terre et qu'il avait la possibilité d'en user librement pour un temps, il méprisa d'emblée le monde avec sa fleur comme un sol aride. Issu d'une très bonne famille libre de la province de Nursie, on l'envoya à Rome pour s'y livrer à l'étude libérale des lettres. Mais il s'aperçut que c'était l'occasion pour beaucoup de tomber dans l'abîme des vices : aussi - pour ainsi dire - à peine avait-il mis les pieds dans le monde qu'il les retira, de peur que, pour avoir pris quelque contact avec ladite science, il ne soit en contrepartie précipité tout entier dans l'abîme. Méprisant donc l'étude des lettres, il se mit en quête d'un genre de vie sainte. Aussi se retira-t-il, savamment ignorant et sagement inculte.


  2. Je n'ai pas pris connaissance de toutes ses actions, mais le peu que je raconte, je le tiens de quatre de ses disciples : Constantin, un saint homme, qui lui a succédé dans le gouvernement de son monastère, Valentinien qui, pendant de longues années, fut à la tête de celui du Latran, Simplicien qui fut le troisième à diriger la communauté après lui ; Honorat, enfin, qui gouverne encore le petit monastère où il vécut tout d'abord.

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